Retrouvez l'histoire de nos abeilles avec un point mensuel sur l'évolution des ruches.
Printemps :
Les ruchers urbains :
Début avril les températures sont descendues à -7°C, les acacias ont donc majoritairement gelé en Îles de France. Nous connaissons malheureusement des températures très fraîches pour la saison depuis avril et cet épisode se poursuit en mai et probablement jusqu’à la fin du mois. Fait rarissime depuis 2012, année où j’ai commencé l’apiculture à Paris, je dois nourrir les colonies pour deux raisons : le froid et la pluie. Paradoxalement les colonies sont magnifiques mais elles ne produisent aucun miel. Les marronniers sont en fleurs depuis deux semaines mais les pluies ont atteint les fleurs qui n’ont produit aucun nectar. Je dois donc veiller à apporter des provisions aux colonies pour ne pas que les populations d’abeilles diminuent. En effet il peut arriver à la reine de ne plus pondre en raison de la raréfaction des ressources alimentaires. Chaque semaine je passe sur les différents ruchers urbains pour donner du sirop de miel aux colonies afin qu’elles restent belles. En apiculture nous sommes très dépendants de la météo, et en des périodes difficiles nous ne pouvons rien faire d’autre que d’accompagner au mieux les colonies, courber l’échine et attendre des jours meilleurs. En revanche si les colonies se maintiennent à ce niveau de population il n’y a aucune raison de s’inquiéter pour la production urbaine qui a lieu essentiellement en juin avec la floraison des tilleuls, de l’ailante et autres crucifères. Mais il se peut que la récolte soit moins abondante du fait que les colonies n’ont fait aucune réserve de miel dans le corps de la ruche. Affaire à suivre courant juin.
Les ruches à la campagne :
Les acacias ont gelé, les colzas ont gelé, la problématique de la campagne était la même qu’en ville début avril. J’ai passé cinq très mauvaises semaines à guetter l’état sanitaire des colonies. J’ai été obligé de les suivre de très près en raison de leur faiblesse. J’ai dû les stimuler avec du sirop de miel pour relancer la ponte qui était trop faible. En effet les abeilles d’hiver étant mortes, il fallait que les colonies se développent rapidement. Après avoir constaté 30% de mortalité hivernale, j’étais très pessimiste sur les colonies restantes. Heureusement elles ont fini par exploser et se développer assez vite, en 5 semaines cependant. Les plus belles colonies ont été prêtes début mai et certaines ont même produit une belle hausse. A titre de comparaison en 2020 j’ai produit 2 Tonnes de miel de printemps, en 2021 j’espère en étant optimiste atteindre les 500kg. La bonne nouvelle c’est que je n’ai nourri au sirop de miel que 20% des colonies (les plus faibles). L’année 2021 risque donc d’être une année à oublier mais j’espère quand même pouvoir produire du miel de ronce à la montagne au mois de juin. Avec les dérèglements climatiques il y a des années comme celle-ci où je ne vais produire du miel que pendant un mois et demi en campagne et un mois en ville tout en ayant des colonies vraiment belles. En 2021 nous serons donc passé à travers la miellée de printemps et la miellée d’acacia soit 70% environ de la production annuelle. Si en 2020 j’ai produit 8 tonnes de miel (printemps, montagne et ruchers urbains), j’espère atteindre les 3 tonnes cette année.
Été:
Les ruchers urbains :
Le mois de mai a été catastrophique pour les hommes, les abeilles, et l’agriculture en général. Nous étions tous impatients de retrouver les beaux jours de juin mais malheureusement nous avons alterné pluie, temps sec, chaleurs, baisse des températures avec des tempêtes intenses mi-juin et fin juin en Île-de-France. Les tilleuls, principale source de nectar pour les abeilles ont fleuri avec 10 jours de retard autour du 10 juin. Les abeilles ont eu une fenêtre de 10 jours pour produire du miel avant que les pluies ne fassent « couler » les fleurs, privant ainsi les abeilles d’une précieuse ressource. Les colonies étaient prêtes, j’ai dû, pour la première fois de ma carrière d’apiculteur, nourrir les abeilles avec un mélange de miel, eau et sucre jusqu’au 1er juin afin de préserver toutes nos chances de faire une récolte. Sans apport extérieur en nourriture les colonies auraient frôlé la disette. Un signe qui ne trompe pas cette année est le fait que les colonies ont produit moins de mâles, parfois les ont tués pour ne pas mettre en danger la survie de la colonie. La baisse du nombre de mâles à une incidence directe sur la pérennité des colonies puisqu’ils ont pour fonction essentielle la reproduction. Les éleveurs de reines ont ainsi beaucoup de problèmes pour maintenir de belles populations de mâles dans leurs ruches afin de féconder les reines vierges. Les colonies étaient cependant très populeuses et nous aurons bien évidemment une récolte de miel mais celle-ci ne sera pas aussi importante que les années précédentes. Je pense que la production sera inférieure de 20% par rapport à l’an dernier avec des rendements par ruche compris entre 20 et 25kg. J’ai procédé au remplacement de plusieurs reines de 2019 afin de préserver les colonies. Les récoltes seront également plus tardives cette année et il faut également éviter que les abeilles ne montent dans les hausses pour se nourrir avec votre bon miel. Elles doivent reconstituer leurs provisions dans le corps de la ruche. Si en ville je peux sans me tromper garantir une récolte de miel par an qui oscille suivant les années entre 20 et 40 kg de miel, mes prédictions ne sont pas aussi claires à la campagne.
Les ruches de la campagne :
2021 comptera pour moi comme pour la grande majorité des apiculteurs comme la pire année. Des collègues m’ont dit qu’il n’avait jamais vu cela en 35 ans de métier. Le printemps catastrophique n’a pas permis aux colonies de se développer normalement et le gel a causé des dégâts sur les principales plantes méllifères du printemps (colza, aubépine, arbre fruitier, acacia) qui ont gelé à 80%. Nous avons nourri des colonies tout au long du mois printemps jusqu’au moi de mai. Etant en apiculture biologique je privilégie l’apport de nourriture en miel mais cela a été très compliqué cette année. Les abeilles ont produit un miel de printemps tardif début juin. A titre de comparaison j’ai produit en 2020 2,5 Tonnes de miel de printemps contre 400 kg en 2021. Comme je pratique la transhumance avec mes ruches de la campagne, je les ai emmenées en montagne bourbonnaise ou je fais tous les ans (moyenne calculée sur 10 ans) environ 30 kg de miel en juin. Cette année je pense que cette moyenne n’atteindra pas les 10 kg. En effet les très mauvaises conditions météos que nous connaissons actuellement me font craindre le pire. J’ai déplacé mes ruches le 12 juin avec des températures de plus de 30°C et depuis le 16 juin il pleut régulièrement et les températures dépassent rarement les 20°C en journée et 10°C la nuit.
Automne
Les ruchers urbains : C’est l’époque des traitements à l’acide oxalique pour faire baisser le nombre de varroas, c’est la période de nourrissement pour que les colonies constituent de belles réserves pour l’hiver, et enfin c’est la saison des frelons asiatiques. Le mois de septembre et octobre ont été plus chaud que juillet et août. Bonne nouvelle, les colonies se sont bien comportées, les populations des ruches sont magnifiques, très peu de mortalités à déplorer sur toutes les nouvelles reines introduites au cours de l’été. Je n’ai pas eu besoin de nourrir les colonies, elles ont toutes faites de très belles provisions pour l’hiver. Les frelons asiatiques peu présent en août et septembre sont venus au mois d’octobre, mais en moins grand nombre que 2020. Je pense et j’espère qu’ils n’auront pas eu le temps d’affaiblir suffisamment les colonies pour mettre en péril leur passage de l’hiver. J’effectuerai une dernière visite avant les vacances de noël pour contrôler que tout va bien, déposer sur les ruches qui pourraient en avoir besoin un pain de candy de 1kg au cas où les colonies auraient faim.
Mielement votre, Bobo.